Anaïs Hermitte Robinson

Née à Biot en 1986
Vit et travaille à Biot, France

Mutations élémentaires
Il y a dans les sculptures d’Anaïs Hermitte Robinson ces différents états de la matière, qui semblent renvoyer aux origines de la création et de l’art. « Les peintres ne font jamais que peindre le monde avant la naissance du monde », expliquait ainsi Deleuze dans ses enseignements, pour parler de ce mouvement, ce combat mené par les artistes pour faire surgir une architecture de formes nouvelles à partir du chaos, de l’abîme.

Née en 1986 à Biot et diplômée du Central Saint Martins College of Art and Design à Londres, Anaïs Hermitte Robinson a d’abord travaillé auprès de Nicolas Ghesquière et Balenciaga, avant de revenir dans son village natal se consacrer à la création contemporaine sur verre. C’est à partir de chutes de verre de l’atelier Pierini à Biot qu’elle développera ses premières œuvres, d’abord à quatre mains avec Antoine et Robert Pierini, puis en solo. Dans son approche expérimentale, Anaïs Hermitte Robinson précipite des rencontres entre le métal et le verre en fusion, pour donner à voir l’instant qui change. Renvoyant à un imaginaire qui va puiser du côté des réseaux organiques informes d’Eva Hesse et des toiles d’arachnides très agencées de Tomás Saraceno, elle libère des réseaux de métal crochetés dans le verre, comme on tendrait des attrapes rêves dans la lumière des songes. Et tandis que ces trames se tendent et se distendent, le verre se fait aussi invisible que l’air. Comme devant la prolifération des mousses d’un étang, des grains de pollen observés au microscope, on se retrouve alors par ces sculptures élémentaires, face à la poésie de ce qui échappe toujours.